Santé et harmonie

 

Qu’est-ce que la santé ?

Une constante restauration d’équilibre

-ikeda: Le bouddhisme est, dans son essence, « loi de la vie ». La santé, la longévité et d’autres thèmes reliés à la vie sont très certainement des plus fondamentaux pour la doctrine bouddhique. De fait, maladie et guérison étaient très importants pour Shakyamuni. On trouve dans les sûtras bouddhiques l’essentiel de la médecine indienne (Yajurveda), en son temps la plus avancée au monde. Plus tard, la sagesse bouddhique et l’art de soigner furent réunis et c’est ainsi que naquit la médecine bouddhique. Dans les sûtras, on appelle Shakyamuni le Grand Guérisseur. Pour votre part, comment définiriez-vous la santé ?

-bourgeault:  Combien la santé me semble plus belle après la maladie ! écrivait approximativement Montaigne (1533-1592).

-ikeda: On ne prend conscience de la merveille de la santé qu’après l’avoir perdue, comme chacun le sait d’expérience.

-bourgeault: Dans une certaine vision médicalisée ou simplement idéalisée de la vie, on définit souvent la santé, vous l’avez relevé, par l’absence de maladie – à tout le moins par la mise en échec ou le contrôle de la maladie. Il en va de la santé comme de la vie : on n’en devient conscient que lorsqu’elle est menacée. Du coup, on saisit son prix. Faute de quoi, on respire sans même s’en rendre compte.

Kant (1724-1804) a un jour observé que si on peut « se sentir bien », c’est-à-dire éprouver le sentiment d’un bien-être vital, jamais on ne peut savoir que l’on « se porte bien ». C’est peut-être l’une des principales raisons pour lesquelles le diagnostic médical ne correspond pas toujours à l’expérience de la personne malade. Quoi qu’il en soit, il est difficile de définir la santé et tout aussi difficile de donner une définition adéquate de la vie.

-ikeda: Exactement. Et c’est pourquoi les gens prennent parfois conscience de leur maladie une fois seulement que celle-ci a atteint un stade trop avancé pour être traitée efficacement.

J’aimerais quand même connaître votre définition personnelle de la santé.

-bourgeault: La santé tient essentiellement, non pas à l’absence de maladie, mais à la tension entre un équilibre toujours rompu et la constante dynamique de son rétablissement. J’aime me représenter la santé comme la marche, possible uniquement dans la mesure où l’on accepte le risque, en se projetant vers l’avant, de perdre l’équilibre qu’un nouveau pas rétablira provisoirement avant que l’on se projette encore vers l’avant. L’enchaînement des ruptures et des rétablissements d’équilibre assure la marche des individus. Et celle des sociétés – ce qui rend possible l’histoire.

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https://books.openedition.org/pum/14893?lang=fr#tocfrom1n1

 

 

 

 

 

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