Les fondements de la guérison 

 

Notre esprit possède le pouvoir de guérir la douleur et d’engendrer la joie. Celui qui fait usage de ce pouvoir, tout en vivant de manière saine, en cultivant une attitude positive et en pratiquant la méditation, peut se guérir non seulement de ses pensées et de ses émotions négatives, mais également de ses problèmes physiques.
Lorsque nous nous cramponnons à nos désirs et à nos inquiétudes, nous ne réussissons qu’à créer des tensions et à épuiser nos forces. Si, par contre, nous lâchons prise sur ce que les bouddhistes appellent « l’attachement au soi », nous pouvons nous ouvrir à notre véritable nature, qui est éveil, paix et sagesse.
En nous ouvrant à cette sagesse, nous serons capables de laisser pénétrer en nous la lumière, la chaleur et la douce brise de la guérison. C’est une énergie que nous pouvons atteindre et partager à tout moment ; un droit universel acquis dès la naissance et qui apporte la joie, même dans un monde de souffrance et de perpétuel changement.
Si la sagesse enseignée dans les textes bouddhistes a pour finalité principale l’Eveil, les exercices spirituels n’en permettent pas moins de trouver bonheur et santé dans la vie quotidienne.
Le bouddhisme parle abondamment de la façon d’améliorer l’existence ordinaire, de mener dans ce monde même une vie paisible, joyeuse et bénéfique.
Le bouddhisme déclare que l’on doit relâcher les tensions inutiles et malsaines que nous créons nous-mêmes, en comprenant la véritable nature des choses. L'esprit a le pouvoir de guérir les problèmes mentaux et émotionnels, et même les maladies physiques.
En voici un exemple personnel. J’avais dix-huit ans lorsque Kyala Khenpo – mon maître bien-aimé – et moi-même avons décidé de fuir le Tibet en proie à des bouleversements politiques. Nous savions que nous étions en train de perdre notre maison, notre pays, nos amis et nos moyens de vivre. Alors que nous nous trouvions dans une vallée sacrée où il n’y avait pas âme qui vive, Kyala Khenpo, qui était vieux et malade, mourut. Il n’était pas seulement mon maître éveillé et bienveillant, il avait également pris soin de moi comme un père depuis que j’avais cinq ans. Sa mort fut l’un des moments les plus tristes et les plus troublés de mon existence. Toutefois, ma compréhension de l’impermanence – du changement incessant de toute chose dans la vie – me permit d’accepter cette situation plus facilement. Grâce aux expériences spirituelles que j’avais réalisées, je pus demeurer calme ; et à la lumière des enseignements bouddhistes, je vis plus clairement le chemin de ma future existence. Autrement dit, en reconnaissant la nature de l’événement qui se produisait, en m’ouvrant à sa réalité et utilisant les sources de force dont j’avais déjà hérité, je pus me guérir plus aisément de cette perte. Comme nous le verrons plus tard, ces trois étapes fondamentales – reconnaître les difficultés et les souffrances, s’ouvrir à elles et cultiver une attitude positive – font partie intégrante du processus de guérison.
Un autre de mes maîtres, Pushul Lama, avait pendant toute sa jeunesse connu des problèmes mentaux. Il avait une attitude si destructrice, que lorsqu’il était adolescent, ses parents devaient l’attacher pour protéger les autres, et le protéger lui-même, de sa violence. Mais grâce à des pratiques de méditations – qui portaient essentiellement sur la compassion – il put se guérir et devint par la suite un grand maître spirituel profondément érudit. Aujourd’hui, je ne connais personne qui soit plus gai, plus paisible et plus bienveillant que lui.
Lorsque je vivais au Tibet, se guérir de problèmes physiques en méditant et en adoptant une attitude juste faisait partie intégrante de la vie de tous les jours. A tel point qu’à présent, lorsqu’on me demande de citer des exemples de guérison physique, j’ai du mal à faire un choix entre tous ceux que je connais. Un Tibétain considère la guérison du corps par l’esprit comme un événement tout à fait ordinaire. C’est l’esprit qui gouverne les énergies du corps, voilà tout. Les guérisons étaient si nombreuses que dans ma jeunesse je n’y prêtais guère attention. Pourtant je connais un exemple récent qui en étonnera sans doute plus d’un, mais qui, d’un point de vue bouddhiste, n’a rien de surprenant.
Il y a deux ou trois ans, l’actuel Dodrupchen Rinpoche, un maître d’une très haute spiritualité, fut pris d’une grave crise d’appendicite alors qu’il voyageait dans une région reculée du Bhoutan. Les médecins craignant que son appendice ne rompe, et la douleur étant très intense, un ministre ordonna qu’on l’emmène d’urgence, par hélicoptère, dans un hôpital. Contre l’avis des médecins, Rinpoche ne voulut pas qu’on l’opère et se guérit lui-même par des méditations et la récitation de mantras.

Extrait du livre: L'infini pouvoir de guérison de l'esprit.
Tulku Thondup

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